Alors que le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sera en visite en Haïti ce samedi 1er juillet 2023, où il s’entretiendra notamment avec le Premier ministre Ariel Henry, le Haut conseil de transition (HCT), des dirigeants politiques et de la société civile, certaines politiques et défenseurs des droits humains ont des avis divergents concernant les contenus de cette visite pour Haïti.
En effet, cette visite de l’officiel onusien interviendra après la rencontre des chefs d’État et de gouvernement aux Bahamas et les pourparlers de la Jamaïque au début du mois de juin sous l’égide de la CARICOM sur la situation haïtienne. Pour le coordonnateur général du Sant Karl Levêque, Jean Gardy Maisonneuve, cette visite qui s’annonce pour ce samedi 1er juillet ne va rien apporter de bon pour Haïti. Leur présence en Haïti n’apporte jamais grand-chose. « Au niveau du Sant Karl Levêque, nous croyons dans l’autodétermination, ceci dit, c’est à nous de faire front commun pour le rétablissement d’un climat de paix en Haïti. Nous l’avons dit mercredi dernier lors d’une réunion avec l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, William O’Neill. Nous lui avons dit clairement que ces rencontres ne font que brûler le temps, rien de plus. Leurs conditions d’existence ne dépendent que des conflits, des problèmes posés font face à certains pays comme le nôtre », a laissé entendre le coordonnateur général du Sant Karl Levêque, Jean Gardy Maisonneuve.
De l’avis du coordonnateur général de l’Observatoire haïtien des droits humains, Me Jean Ronel Sistanis, la visite du secrétaire général des Nations unies en Haïti peut être vue à deux niveaux. « Dans un premier temps, je pense qu’ils ont vu la nécessité de donner vivement leur contribution à Haïti afin de trouver une solution à la crise multidimensionnelle actuelle. Ensuite, je dirais que M. Guterres se rend compte qu’on lui a menti sur la situation haïtienne, alors, il vient voir de près ce qui se passe actuellement parce que la crise haïtienne requiert une franche solidarité internationale, et c’est bien dommage qu’à ce niveau cette solidarité ne se soit pas encore retrouvée», a déclaré le défenseur des droits humains lors d’une interview accordée au quotidien Le National, ce vendredi 30 juin 2023.
Haïti est membre fondateur des Nations unies depuis 1945. Haïti fait partie des premiers 51 états indépendants à travers le monde qui a aidé à mettre sur pied cette grande organisation. Haïti a aidé beaucoup de pays dans le monde à s’en remettre des situations difficiles notamment le Vénézuéla, la Bolivie et des pays de l’Afrique. Aujourd’hui, Haïti mérite le soutien de la communauté internationale, a-t-il tenu à rappeler tout en indiquant que la présence du secrétaire général des Nations unies en Haïti devrait apporter certaines solutions dans cette situation de crise aigüe.
De son côté, le leader du parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation ( UNIR ), Clarens Renois, a fait savoir que la visite du secrétaire général de l’ONU dans le pays peut être très déterminante, et, ce, sur trois facteurs importants, à savoir la politique, la sécurité et la crise humanitaire. En ce qui concerne la politique, il dit croire que l’une des clés de la solution de la crise globale qui mine le pays est le blocage politique avec ce gouvernement d’Ariel Henry qui a un déficit de légitimité et qui ne peut en aucun cas faire avancer seul la machine administrative de l’État. Dans ce cas, Clarens Renois a laissé comprendre que c’est un aspect essentiel sur lequel le secrétaire général aura à discuter avec ses interlocuteurs.
Au sujet de la sécurité, il y a une énorme préoccupation à tous les niveaux sur ce point. Le gouvernement a fait une demande et des gens du secteur privé ont appuyé cette demande et jusqu’à date il n’y a pas de déblocage sur cette facette, a souligné M. Renois qui a laissé entendre que cette visite sur le terrain permettra au secrétaire général des Nations unies d’avoir une idée sur la situation sécuritaire délétère du pays et connaître la position des uns et des autres. « Il faut indiquer qu’il y a des secteurs qui pensent qu’il faut renforcer les deux forces nationales d’Haïti « l’Armée et la Police » au lieu d’envoyer une force internationale spécialisée. », a-t-il rappelé.
Au final, M. Renois estime que la crise haïtienne doit être débloquée afin qu’il puisse avoir des élections honnêtes et démocratiques dans le pays. « Je crois que c’est un aspect sur lequel le secrétaire général doit se prononcer, parce qu’au bout il doit y avoir le retour d’Haïti sur l’échelle internationale par la légitimité populaire, par le vote, mais il faut que les conditions soient réunies pour organiser les élections. Pour arriver, il faut également encourager les acteurs haïtiens à trouver une entente pour avancer vers des élections honnêtes et participatives qui ne seront pas contestées. Ainsi dire, la visite du secrétaire général des Nations unies en Haïti peut être déterminante quelque part pour prendre des décisions à l’échelle internationale notamment.», a-t-il mentionné, précisant que des secteurs politiques qui ont signé la déclaration de la Jamaïque sur la crise haïtienne prendront part à une deuxième rencontre qui sera organisée par la CARICOM à Port-au-Prince au cours du mois de juillet.
